vendredi, novembre 25, 2016

TOUS A LIMOGES LE 26 NOVEMBRE !



Communiqué d'Aurore Lenoir

Mauricio Garcia-Pereira, l'employé de l'abattoir qui a tourné une partie des images de L214, sera présent à la manifestation !

Brigitte Gothière, Sébastien Arsac, cofondateurs de L214 et Gérard Charollois (CVN) seront également présents, ainsi que Lucille Boisseau-Sowinski, Maître de Conférences en Droit privé, à l'Université de Limoges !

Nous attendons, outre la presse locale, des journalistes du Monde et d'Arte  ! 


Il s'agit de la première manifestation en réaction aux vidéos de L214, nous tenions à soutenir l'action de l'association, rendre hommage à leur formidable travail mais également faire en sorte que ces images demeurent dans toutes les mémoires !

En début de manifestation, L-PEA, le CLAMA et L214 remettront une motion à la mairie de Limoges.
« Nous demandons par la présente motion :

- que cessent immédiatement les actes de cruauté commis à l’abattoir de Limoges,

- que le box d’immobilisation des bovins soit remplacé afin de permettre un étourdissement efficace des animaux,


- que le système d’étourdissement des cochons soit mis en conformité et contrôlé,


- que l’abattage des femelles gestantes, au moins lors du dernier tiers de leur gestation, soit interdit au sein de l’abattoir de Limoges dans l’attente d’un texte national,


- enfin que l’abattoir de Limoges refuse les abattages sans étourdissement quels qu’en soient les motifs.


- que des caméras soient installées sur le parcours des animaux et particulièrement au niveau des postes d’abattage,


- que les associations de défense des droits des animaux puissent avoir accès librement à ces vidéos,


Nous demandons à Monsieur le Maire de Limoges de faire voter cette motion en Conseil Municipal.»


Cette manifestation n'est pas seulement celle de l'abattoir de Limoges, elle est également tournée contre toutes les atrocités, au sein de tous les abattoirs !

Venez nombreux pour contribuer au changement de notre société, déjà en marche !

RDV à 13h, devant la Mairie de Limoges !

Détails : Cliquez ici !


Evènement Facebook : 

https://www.facebook.com/events/365538313784286/

Evènement Covoiturage 
:
https://www.facebook.com/events/401531690236666/

Rassemblement à Nice :
https://www.facebook.com/events/1824576544424192/

Pour ceux et celles qui ne l'auraient pas encore fait, n'oubliez pas de participer aux actions en ligne de L214 : 

http://www.l214.com/enquetes/2016/abattoir-made-in-france/limoges/


mardi, novembre 22, 2016

La planète Trump, selon The Economist

En 2017, le monde vivra-t-il les huit événements majeurs prophétisés par l'hebdomadaire The Economist ? Pour illustrer ses prédictions, le magazine a recours à 8 cartes du tarot divinatoire : la Tour Foudroyée (la Maison-Dieu), le Jugement (Trump en personne dominant la planète), le Monde, l'Ermite, la Mort, le Magicien, la Roue de fortune, l'Etoile.


 Marine Le Pen profitera de l'effet Trump et sera élue présidente en 2017, d'après le "tarot".


Sur la 7ème carte, la Roue de Fortune, l'arcane 10, trois personnages ligotés représentent les tristes vainqueurs de trois élections européennes. En Allemagne, Angela Merkel sera réélue sans surprise. Aux Pays-Bas, c'est l'extrême droite de Geert Wilders qui triomphera. Et, plus étonnant quand on connaît le matraquage médiatique anti-frontiste, Marine Le Pen entrera à l'Elysée.



Depuis que Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a révélé son intérêt pour la numérologie lors d'une conférence au National Press Club, on ne peut nier que les économistes et les élites sont plus férus de sciences occultes que des véritables statistiques du chômage et du développement de la précarité.

La numérologie de Madame Lagarde est inséparable de la gematria talmudique. Et, le tarot se rapporte à la Kabbale. La kabbale est répandue parmi les vedettes, les stars qui soutiennent le système (et récemment François Hollande : "Une soixantaine de personnalités disent stop au Hollande-bashing !". A lire dans le JDD).

Le rôle des stars rampantes du système est reconnu par The Economist qui leur consacre la 8ème carte (l'Etoile, l'arcane 17). On y voit, au milieu des stars du show-biz, maîtres des illusions et "rois mages" des temps modernes, un astre 
traverser le ciel. S'agit-il du signe annonciateur d'un événement ou de l'arrivée d'un personnage important ?


Pour voir les 8 cartes du tarot du magazine The Economist :


The Economist 

The Economist est un magazine d'actualité hebdomadaire britannique ciblant une population hautement éduquée. Il est reconnu pour la qualité de ses analyses et ses prises de positions sur les grandes questions économiques et politiques mais aussi sociétales et culturelles. L'Obs et Le Monde diplomatique le citent comme l'hebdomadaire « le plus influent du monde ». source


La véritable Roue de Fortune



dimanche, novembre 20, 2016

Fortes leçons pour les bouddhistes engagés


par Ken Knabb



En pleine guerre du Vietnam, Thich Nhat Hanh et quelques moines, moniales et laïques bouddhistes, rompaient avec une tradition bouddhiste apolitique vieille de 2 500 ans : ils fondaient l’ordre Tiep Hien afin de relier les pratiques éthiques et contemplatives bouddhistes aux questions sociales actuelles. Les membres de l’ordre organisèrent des manifestations contre la guerre, l’aide clandestine aux insoumis et de multiples projets de secours et d’assistance sociale. Bien que ce mouvement ait vite été réprimé au Vietnam, Thich Nhat Hanh a continué de mener des activités similaires depuis son exil français et la conception d’un “bouddhisme socialement engagé” s’est diffusée parmi les bouddhistes du monde entier. L’une de ses principales expressions en Occident, The Buddhist Peace Fellowship (l’Association Bouddhiste pour la Paix), se donne pour objectif “d’apporter une perspective bouddhiste aux mouvements pacifistes, écologiques et d’action sociale contemporains” et “de susciter l’intérêt pour la paix, l’écologie, le féminisme et la justice sociale chez les bouddhistes occidentaux”.

Bouddhisme engagé

L’apparition d’un bouddhisme engagé est un développement salutaire. Malgré les tares que le bouddhisme partage avec toutes les religions (superstition, hiérarchie, phallocratie, complicité avec l’ordre établi), il a toujours eu un cœur de pénétration authentique fondé sur la pratique de la méditation. C’est ce cœur vital, ainsi que sa liberté vis-à-vis des dogmes si caractéristiques des religions occidentales, qui lui ont permis de prendre si facilement racine, y compris dans les milieux les mieux éduqués d’autres cultures. Ceux qui luttent pour le changement social pourraient mettre à profit l’attention, l’équanimité et l’autodiscipline qui sont développées par la pratique bouddhiste. Quant aux bouddhistes apolitiques, ils pourraient sans aucun doute gagner à se confronter aux questions sociales.

Un véritable engagement social

Jusqu’ici, cependant, la conscience sociale des bouddhistes engagés est restée extrêmement limitée. S’ils ont commencé à reconnaître certaines réalités sociales choquantes, ils font preuve de peu de compréhension quant à leurs causes ou leurs possibles résolutions. Pour quelques-uns, l’engagement social se résume à des actions caritatives bénévoles. D’autres, sans doute inspirés par les remarques de Thich Nhat Hanh sur la production d’armements ou sur la faim dans le tiers-monde, prennent la décision de ne plus manger de viande ou encore à ne pas contribuer ou travailler pour des entreprises d’armement. De tels gestes peuvent avoir une signification personnelle, mais leurs effets réels sur la crise mondiale restent négligeables. Des millions de pauvres ont faim dans le tiers-monde, non par manque de nourriture, mais parce qu’il n’y a pas de bénéfices à tirer de nourrir des populations démunies. Tant qu’il sera possible de s’enrichir en fabriquant des armes ou en ravageant l’environnement, quelqu’un le fera, malgré les appels moraux à la bonne volonté. Et si des personnes de conscience le refusent, une multitude d’autres se bousculeront pour prendre leur place.

D’autres, sentant que de tels gestes individuels ne suffisent pas, se sont aventurés dans des activités plus “politiques”. Mais ce faisant, ils n’ont généralement fait qu’adhérer aux groupes existants, qu’ils soient pacifistes, écologistes ou soi-disant progressistes aux tactiques et aux perspectives quelque peu limitées. À de rares exceptions près, ces groupes acceptent le système social actuel comme allant de soi, ne manœuvrant à l’intérieur de celui-ci que pour promouvoir leurs intérêts particuliers, souvent aux dépens d’autres causes. Comme l’ont dit les situationnistes :

“Les oppositions parcellaires sont comme les dents des roues dentées, elles s’épousent et font tourner la machine, du spectacle, du pouvoir.” (Internationale Situationniste n° 8, p. 39).

Quelques bouddhistes engagés se rendent compte que le système actuel doit être dépassé. Mais ne pouvant reconnaître son racinement et sa dimension auto -reproductive, ils imaginent pouvoir le modifier doucement et graduellement de l’intérieur, se heurtant ainsi à des contradictions récurrentes. L’un des préceptes de l’ordre Tiep Hien dit :

“Ne possédez rien qui ne revienne à d’autre. Respectez la propriété d’autrui, mais empêchez autrui de tirer profit de la souffrance humaine ou de la souffrance d’autres êtres vivants.”

Comprendre la nature même de ce système

Comment peut-on empêcher l’exploitation de la souffrance en “respectant” la propriété qui l’occasionne ? Et que faire si leurs propriétaires refusent d’y renoncer paisiblement ?

Si les bouddhistes engagés ne se sont pas opposés explicitement au système socio-économique et se sont limités à essayer d’alléger quelques-uns de ses effets les plus dévastateurs, c’est pour deux raisons. En premier lieu, ils ne comprennent pas bien la nature même de ce système. Allergiques à toute analyse qui pourrait “créer de la dissension”, comment peuvent-ils espérer comprendre un système fondé sur des divisions de classes et sur d’âpres conflits d’intérêts ? Comme presque tout le monde, ils ont platement accepté la version officielle selon laquelle l’effondrement des capitalismes d’État staliniens en Russie et en Europe de l’Est aurait démontré le caractère incontournable de la forme occidentale du capitalisme.

Créer une société réellement libre

Ensuite, comme tous les pacifistes en général, ils considèrent qu’il faut éviter “la violence” à tout prix. Cette attitude n’est pas seulement simpliste, elle est hypocrite : Eux-mêmes comptent tacitement sur toutes sortes de violence d’État (armée, police, prison) pour protéger leurs proches et leurs biens et ils ne s’accommoderaient sûrement pas passivement des conditions pour lesquelles ils reprochent à d’autres de s’être révoltés. En pratique, leur pacifisme se révèle généralement plus tolérant à l’égard de l’ordre régnant qu’à l’égard de ses contradicteurs. Les mêmes organisateurs qui excluent tout participant pouvant entacher la pureté de leurs manifestations non-violentes s’enorgueillissent souvent d’avoir créé de bonnes relations avec les forces de l’ordre. Il n’est guère étonnant que les dissidents qui ont eu des expériences quelque peu différentes avec la police soient peu impressionnés par ce genre de “perspective bouddhiste”.

Il est vrai que bien des formes de lutte violente, comme le terrorisme ou les coups d’état, sont incompatibles avec le genre d’organisation ouverte et participative qui est nécessaire pour créer une société mondiale réellement libre. Une révolution anti-hiérarchique ne peut être accomplie que par l’ensemble du peuple et non par quelques groupes prétendant agir pour son compte. Et une majorité si écrasante n’aurait aucun besoin d’utiliser la force si ce n’est pour neutraliser les éléments de la minorité dirigeante qui tenteraient éventuellement de maintenir violemment leur pouvoir. Mais tout changement social réel implique inévitablement des aspects violents.

Ne serait-il pas plus honnête de le reconnaître en essayant de minimiser cette violence autant qu’il se peut ?

Ce dogmatisme de l’antiviolence déjà douteux devient ridicule quand il s’oppose également à toute forme de “violence spirituelle”. Certes il n’y a rien à redire au fait d’essayer d’agir “sans colère en son cœur” et d’éviter d’être emporté par une haine ou une vengeance inutiles.

Il ne leur reste qu’à “partager” les uns avec les autres les platitudes New Age

Mais, en pratique, un tel idéal ne sert souvent que de prétexte pour rejeter toute analyse ou toute critique pénétrantes, en les qualifiant de “coléreuses” ou d’“arrogantes”. Par leur appréciation (certes correcte) de la faillite du gauchisme traditionnel, les bouddhistes engagés ont conclu que toute tactique “d’affrontement” et toute théorie “créant de la dissension” sont malavisées et hors de propos. Comme cette attitude revient de fait à ne pas tenir compte de toute l’histoire des luttes sociales, ils ignorent complètement nombre d’expériences riches d’enseignement (les essais anarchistes d’organisation sociale pendant la révolution espagnole de 1936, par exemple, ou les tactiques situationnistes qui ont provoqué la révolte de Mai 1968 en France). Il ne leur reste qu’à “partager” les uns avec les autres les platitudes New Age les plus inoffensives et à tenter de susciter l’intérêt pour les “actions” les plus tièdes et les plus consensuelles.

Il existe des analogies intéressantes entre les méthodes zen et celles des situationnistes

Il est surprenant que des personnes capables d’apprécier la vigueur de certaines anecdotes zen n’arrivent pas à se rendre compte que ces tranchantes tactiques d’éveil pourraient également servir sur d’autres terrains. Malgré toutes leurs évidentes différences, il existe certaines analogies intéressantes entre les méthodes zen et celles des situationnistes : Elles insistent, les unes comme les autres, sur la réalisation effective de leurs idées et non sur le consentement passif à une doctrine donnée. Elles emploient également des moyens énergiques pour mieux ébranler les habitudes mentales comme le rejet de tout dialogue inutile et le refus d’offrir des “alternatives positives” toutes prêtes. Et elles sont donc de même inévitablement accusées de “négativisme”.

La grande naïveté politique de la plupart des bouddhistes

Une ancienne parole zen dit : “Si vous rencontrez un bouddha, tuez-le.” Les bouddhistes engagés ont-ils réussi à “tuer” Thich Nhat Hanh dans leur esprit ? Ou bien sont-ils encore attachés à son image, fascinés par sa mystique, consommant passivement ses ouvrages et acceptant ses idées sans esprit critique ? Thich Nhat Hanh a beau être une personne merveilleuse et ses écrits ont beau être inspirants et éclairants à bien des égards, son analyse sociale reste naïve. S’il semble radical, ce n’est qu’en regard de la plus grande naïveté politique de la plupart des autres bouddhistes. Nombre de ses admirateurs seront sans doute choqués, peut-être même scandalisés, par l’idée qu’on puisse prétendre critiquer un personnage d’une telle sainteté, et ils essayeront de rejeter ce tract en l’attribuant à une “idéologie gauchiste virulente” un peu bizarre, supposant (à tort) qu’il a été écrit par quelqu’un qui n’a aucune expérience de la méditation bouddhiste.

Nul n’a besoin d’être charpentier pour montrer du doigt le toit qui fuit

D’autres pourraient reconnaître la pertinence de certaines de ces remarques, mais ils demanderont ensuite : “Avez-vous une contre-proposition pratique et constructive, ou est-ce que vous ne faites que critiquer ? Que proposez-vous que nous fassions ?” Nul n’a besoin d’être charpentier pour montrer du doigt le toit qui fuit. Si cette critique réussissait à inciter ne serait-ce que quelques personnes à s’arrêter pour réfléchir, à pourfendre quelques illusions et peut-être même à entreprendre de nouveaux projets, n’est-ce pas là déjà un résultat tout à fait pratique ? Combien d’“actions constructives” en font-elles autant ?

Cesser d’attendre des autres qu’ils vous disent ce que vous devriez faire

Quant à la question de ce que vous devriez faire : la chose la plus importante est de cesser d’attendre des autres qu’ils vous disent ce que vous devriez faire. Mieux vaut faire vos propres erreurs que de suivre le guide le plus sage ou le plus politiquement correct. Ce n’est pas seulement plus intéressant mais aussi plus efficace de faire ses propres expériences, si modestes soient-elles, que d’être un numéro dans un régiment de numéros. Toutes les hiérarchies doivent être remises en cause, mais c’est souvent la contestation de celles dans lesquelles vous êtes, vous-même, le plus impliqué qui crée l’effet le plus libérateur.

L’un des graffiti de Mai 1968 disait : “Soyez réalistes, demandez l’impossible.” Tant qu’elles restent dans le contexte de l’ordre social établi, les “alternatives constructives” sont au mieux limitées, provisoires ou ambiguës. Elles tendent à être récupérées et à devenir une partie du problème. Bien sûr nous sommes obligés de nous préoccuper de certaines questions urgentes comme la guerre ou les menaces sur l’environnement. Mais si nous acceptons les conditions du système, nous nous bornons seulement à réagir à chaque nouveau problème qu’il produit et nous ne le transformerons jamais.

En dernière analyse, nous ne pourrons sortir d’une vie réduite à la simple survie qu’en contestant agressivement l’intégralité d’une organisation sociale qui réprime toutes les possibilités de la vie. Les mouvements qui se bornent à de simples protestations défensives et serviles n’atteindront même pas les pitoyables objectifs de survie qu’ils se sont fixés pour eux-mêmes.



Escarmouches choisies

Ken Knabb


Traducteur américain des films de Guy Debord et d'une anthologie de l'Internationale Situationniste, Ken Knabb est également l'auteur de nombreux tracts, brochures et autres écrits, dont certains ont été traduits en une quinzaine de langues. On les trouve ici réunis, à l'exception des deux ouvrages déjà disponibles en France : La Joie de la Révolution et Éloge de Kenneth Rexroth.

Les écrits de Ken Knabb offrent un précieux regard, à la fois sympathique et critique, sur "l'autre Amérique", surtout sur les aspects les plus radicaux et les plus méconnus des années 60. En même temps, ils résument l'expérience de plusieurs décennies d'activités visant une transformation fondamentale de la société actuelle. À la différence de la plupart des auteurs qui traitent de ces questions, Knabb évite les formules dogmatiques et les slogans creux, pour examiner aussi bien les difficultés que les possibilités d'une telle transformation.

Et il le fait avec concision, dans une langue claire et dans un style direct, en essayant de briser les rigidités qui tendent à se développer dans les milieux radicaux, et d'y apporter un peu d'humilité, d'humour et de bon sens.

Un des rares Américains ayant bien compris le projet situationniste et l'ayant poursuivi pendant quatre décennies, il a néanmoins maintenu son indépendance, n'hésitant pas à remettre en cause certains aspects de l'orthodoxie situ. Si ses démarches ont été mal reçues par certains tenants de cette orthodoxie, d'autres les ont ressentis comme une «bouffée d'air frais».


source de l'illustration : https://posttraditionalbuddhism.com/

samedi, novembre 12, 2016

Leonard Cohen, un JuBu plus juif que bouddhiste


Jeudi 11 novembre, la presse internationale a rapporté le décès, à l’âge de 82 ans, du chanteur canadien Leonard Cohen.


« Le judaïsme est l’aleph (alpha) et le taw (omega) du cheminement spirituel de Leonard Cohen, mais le bouddhisme lui a montré un chemin à suivre pour se rendre à bon port. »

Alexandra Pleshoyano



Leonard Cohen s'intéressa au bouddhisme dès 1960. Il fut officiellement ordonné moine bouddhiste le 9 août 1996 au centre zen du Mont Baldy en Californie. Il avait soixante-deux ans. Son maître était le japonais Joshu Sasaki Roshi.

Le centre bouddhiste du Mont Baldy est assez austère. Les retraitants effectuent des marches méditatives dans la neige à trois heures du matin. Durant la méditation assise, celui qui s’assoupit est brutalement frappé dans le dos avec un bâton.


Devenu moine, le célèbre chanteur ne dormait pas dans un dortoir. Il disposait d'une petite chambre (sans télévision ni radio). Cependant, son maître lui avait donné une autre pièce de la taille d'un dressing avec un bureau, un vieil ordinateur Macintosh, quelques livres, une ou deux bouteilles d'alcool et un synthétiseur Technics. Il avait aussi son propre WC et une machine à café ; Joshu Sasaki Roshi lui ayant accordé une dispense spéciale pour le café et les cigarettes.

Leonard Cohen allait 
au MacDonald's de Los Angeles où il mangeait du Filet-o-Fish et buvait du vin tout en regardant la télé. De retour au monastère, il écrivait, dessinait et composait de la musique sur le synthétiseur.

Le centre zen du Mont Baldy accueille aussi des religieuses. Leonard Cohen a admis qu'il y avait « certaines possibilités érotiques ». Mais, disait-il, en raison de l'âge, il « n'était plus très actif dans ce domaine ». Chris Darrow, du groupe Kaléidoscope, qui avait travaillé avec Cohen, vivait à Claremont, la ville située au pied du mont Baldy. Chris Darrow croisa Léonard dans un restaurant grec de la ville, buvant du café en compagnie d'une belle religieuse.

Pendant des années, Leonard Cohen avait parlé de l'amitié étroite qui le liait à Joshu Sasaki Roshi, maître japonais célèbre pour sa pratique supposée rigoureuse du Zen Rinzai.

Le poète canadien rencontra ce gourou japonais en 1969. Leonard Cohen était fasciné par les cérémonies, et en particulier par le rite des Dix Vœux du Bouddhisme. Toutefois, il observa que le Roshi n'observait guère le vœu relatif à l'abstinence d'alcool. Bien au contraire, il consommait de grandes quantités de saké.

Cohen et Roshi passaient beaucoup de temps ensemble. Durant leurs rencontres l'alcool ne manquait pas. Les deux amis appréciaient une boisson coréenne particulièrement forte en alcool (70%). C'était la boisson préférée du gourou japonais. Il en buvait régulièrement jusqu'à la fin de ses jours. Il a quitté le samsara à l'âge 107 ans.

Durant des décennies, Joshu Sasaki Roshi a trompé et abusé sexuellement des douzaines de femmes notamment des disciples occidentales.

Pendant que Leonard Cohen était au Mont Baldy, son assistante, Kelley Lynch, le dépouillait de son argent. Elle lui aurait volé 8,4 millions de dollars, le laissant pratiquement sans le sou. Kelley Lynch fut condamnée par le tribunal à restituer les millions de dollars du pauvre moine. Mais, elle n'a jamais rien payé.

Kelley Lynch, comme son comparse Neal Greenberg, qui « gérait » les investissements de Leonard Cohen, était bouddhiste. Elle suivait l'enseignement du sulfureux lama tibétain Chogyam Trungpa Rinpoché.


En 2001, Leonard Cohen revient à la musique.



Pour en savoir plus : Mark Oppenheimer auteur du ebook « The Zen Predator of the Upper East Side ».


vendredi, novembre 11, 2016

Trump président, une étonnante prédiction

Donald Trump président. 




Plus forts que les lamas tibétains, les Simpson l'avaient annoncé en 2000.

Il y a 16 ans, les Simpson avaient vu juste. Dans le 17e épisode de la 11e saison « Les Simpson dans 30 ans », le président des Etats-Unis se nomme Donald Trump.

« Comme son titre l'indique, cet épisode datant de 2000 imagine la situation de la famille la plus déjantée d'Amérique en 2030. Homer et Marge habitent toujours à Springfield, Bart est un musicien fauché et Lisa est devenue... première femme présidente des États-Unis. » Le prédécesseur de Lisa à la Maison-Blanche est bien Donald Trump, la terreur des élites.






Source : http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/10/video_12_n_7965636.html?utm_hp_ref=fr-culture



Pourquoi les médias se sont-ils plantés ?

Les journalistes qui ont observé les réseaux sociaux durant la présidentielle de 2016 n'ignoraient pas que Donald Trump était porté par une vague de mécontentement antisystème. Ils pouvaient entrevoir la marche triomphante de Trump vers la Maison-Blanche. Mais, comme durant le Brexist, ils devaient se taire et faire le job, c'est-à-dire manipuler l'électorat et répandre des informations et des sondages bidons pour avantager le système.



Gourous journaleux 



Pour trouver un reporter vraiment libre, il faut ouvrir les albums de Tintin. 

Les journalistes ne se préoccupent plus de la vérité. Peuvent-ils faire des investigations impartiales ? Analysent-ils objectivement les crises sociales, économiques et politiques ? Ils doivent obéir à leurs patrons, les financiers propriétaires des médias. Ainsi, ce sont des journalistes aux ordres, 
les gourous de l'intoxication médiatique qui sévissent sur les chaînes TV et les grandes radios . 


Colère contre le système

L'élection de Donald Trump a montré qu'une grande partie de la population ne se laisse plus berner par la propagande, le matraquage et l'endoctrinement journalistiques. Refusant les sornettes débitées par les médias, beaucoup d'Américains préfèrent s'informer sur les réseaux sociaux où la colère contre le système est loin de se tarir. Le ressentiment envers les élites a porté Donald Trump au pouvoir, il renversera, tôt ou tard, les oligarchies européennes.

En Europe, les déçus de la mascarade démocratique attendent un homme providentiel ; le César, le Che Guevara ou le Mahdi capable de les libérer de l'ordre marchand mondial. C'est sur les réseaux sociaux que la réalité de la mondialisation, tant vantée par les politiciens corrompus, apparaît dans toute son horreur : chômage de masse et paupérisation galopante.


***

Faut-il remplacer un lamentable président par un singe ?




mercredi, novembre 09, 2016

Donald Trump, la terreur des « élites », est le 45e président des USA


Donald Trump, la terreur des « élites », est le 45ème président des USA

L'homme le plus puissant du monde ne cache pas sa sympathie pour les conspirationnistes.

Il pense que les vaccinations sont responsables de l'autisme.

On le dit irrité par l'Arabie Saoudite et les financiers des terroristes djihadistes.

Il ne désavoue pas ceux qui refusent les conclusions de l'enquête officielle sur les attentats du 11 septembre 2001. Cédera-t-il aux demandes des familles des victimes et ordonnera-t-il de nouvelles investigations ? Quoi qu'il en soit, George W. Bush n'a pas voté pour Trump...

Il est climato-sceptique.

Et, contrairement à Hillary Clinton, Donald Trump n'est pas (officiellement) favorable à la politique interventionniste des néo-conservateurs et des va-t-en-guerre. Un désengagement, plus ou moins complet, des Américains de l'OTAN et un axe Poutine-Trump serviront peut-être la cause de la paix mais certainement pas les intérêts du complexe militaro-industriel.

Un autre lobby est déçu par l'élection de Trump : les sionistes.

Le quotidien israélien « Haaretz » a révélé que les cinq principaux donateurs de la campagne d’Hillary Clinton sont juifs :

« They are Donald Sussman, a hedge fund manager; J.B. Pritzker, a venture capitalist, and his wife, M.K.; Haim Saban, the Israeli-American entertainment mogul, and his wife, Cheryl; George Soros, another hedge funder and a major backer of liberal causes, and Daniel Abraham, a backer of liberal pro-Israel causes and the founder of SlimFast. »



dimanche, novembre 06, 2016

Philippe Cornu et l'Institut d'études bouddhiques



Le livre de Marion Dapsance « Les dévots du bouddhisme » ne ménage pas Sogyal Rinpoché, le sulfureux gourou de Rigpa.

Ce gourou tibétain est le maître et le préfacier de Philippe Cornu, auteur de nombreux livres sur le bouddhisme. Comme tous les initiés du bouddhisme tibétain, Philippe Cornu est lié à son maître par des serments tantriques. 
L'initié du varayana prononcent de nombreux vœux : allégeance au maître, défense du lama et de la doctrine (dharma)...

Sa critique de Marion Dapsance dans Le Monde des religions du 2 novembre 2016 était donc prévisible. Mais l'article manque de consistance, et Philippe Cornu frise carrément le ridicule quand il présente l'enseignement du « Longchen Nyingthik » comme une tradition tibétaine authentique.


Les sources du dzogchen ou du « bouddhisme » de Rigpa

En réalité, le « Longchen Nyingthik » est un terma de la tradition du dzogchen, c'est à dire un texte qui fut dissimulé dans le passé et retrouvé par un lama. Or, quand on remonte jusqu'aux sources du dzogchen de l'école des premiers « bouddhistes », les nyingmapa, on arrive au syncrétisme religieux bönpo. Le dzogchen des bönpo (non-bouddhistes) provient, d'une part de Tazig, c'est-à-dire de la Perse antique, et, d'autre part, de Chine, notamment du courant chan qui est une résurgence du taoïsme philosophique, taoïsme subitiste dissimulé sous un vernis bouddhiste (1).

Les adeptes du dzogchen et du mahamoudra étaient accusés de perpétuer la méthode du chan chinois. Le chan était frappé de proscription depuis le 8ème siècle, au terme de la controverse de Lhassa, mais il subsistait dans deux importantes écoles du bouddhisme tibétain. Le chan, même dissimulé derrière une phraséologie tantrique, n’échappa pas à la perspicacité des Tibétains défenseurs de la stricte observance religieuse. Le docte Sakya Pandita, par exemple, dénonçait la survivance du chan dans le dzogchen des nyingmapa et le mahamoudra des kagyupa. De son côté, le grand érudit kagyupa, Padma Karpo, ne niait pas que certains textes des écoles kagyu et nyingma provenaient du maître chinois Mahayana, le défenseur du chan lors de la controverse de Lhassa.



Les marchands de la pagode

L'attaque de Philippe Cornu contre Marion Dapsance est-elle commanditée par son maître Sogyal Rinpoché, ou bien est-ce une réaction de « marchand de la pagode » ulcéré par une éventuelle perte de gains ? Les récentes enquêtes sur la véritable nature du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, ne favoriseront pas la prospérité des profiteurs du dharma.

Les revenus de Philippe Cornu ne sont-ils pas générés par le bouddhisme (emploi d'intervenant, vente de livres, animation d'ateliers, séminaires...) ? Philippe Cornu n'est-il pas lié à l'Institut d'Etudes Bouddhiques http://www.bouddhisme-universite.org/ ? Cet Institut (prétendue université selon l'adresse web), malgré son statut d'association à but non lucratif, ne dissimule pas ses différentes formes de commercialisation du bouddhisme (cours, ateliers, séminaires...) qui permettent de rémunérer des intervenants : « Merci d'envoyer vos chèques et vos virements à l'Institut d'Etudes Bouddhiques... » http://www.bouddhismes.net/bulletin-adhesion-inscription



Philippe Cornu et l'Institut d'Etudes Bouddhiques dissimulent-ils le véritable monde occulte des lamas tibétains ?


La critique du bouddhisme tibétain n'est pas récente. Edward CONZE, spécialiste incontesté du bouddhisme, avait dénoncé les pratiques occultes des tantra « supérieurs » :

« On ne s’attend pas, en fait, à ce que les adeptes d’une religion revendiquent comme une sorte de devoir sacré, par exemple, « le commerce sexuel quotidien dans des endroits écartés avec des filles âgées de douze ans, de la caste candâla ». Le Guhyasamâjatantra, l’une des plus ancienne, et aussi des plus sacrées, parmi les Ecritures du Tantra de la Main-gauche, enseigne, semble-t-il, exactement le contraire de ce que soutenait l’ascétisme bouddhique. Il nous dit que nous atteindrons facilement la bouddhéité si « nous cultivons tous les plaisirs des sens, autant que nous pouvons le désirer ». Les rigueurs et les austérités échouent, alors que la satisfaction de tous les désirs » réussit. Ce sont justement les actes les plus immoraux, les plus frappés de tabou qui paraissent avoir particulièrement fasciné les adeptes de cette doctrine. »

Les écrits d'Edward CONZE ainsi que ceux de Robert SAILLET (entre autres) permettent de découvrir les aspects ténébreux du Vajrayana (ou bouddhisme tibétain).

"Un maître, écrit SAILLET, d’origine cachemirienne, Guhyaprajna, dit Marpo, « le Rouge », vint au Tibet occidental. Il semble que son enseignement sur les tantra ait été teinté de Shivaïsme. On lui reproche, ainsi qu’à des maîtres du même genre, d’avoir répandu que le yoga consistait dans l’union sexuelle avec des femmes et que pour accéder à la délivrance, il fallait mettre à mort des êtres vivants. De pareilles conceptions furent en tout cas mises en application par un groupe de « moines-brigands », qui enlevaient des femmes et des hommes pour les sacrifier au cours de cérémonies tantriques (ganachakra puja : le rite de l’orgie collective)."

Même Alexandra DAVID-NEEL l'avait reconnu :

"Tous les rites tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils... Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux... Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour un bénéfice personnel d'abord, puis éventuellement altruiste, le concours de personnalités extra-humaines. Tout au moins, c'est ainsi que le commun des tibétains comprend ces rites.

Tous les tibétains se disent bouddhistes et croient qu'ils le sont, quelles que soient les déformations qu'ils ont pu faire subir à la doctrine du Bouddha et alors même qu'ils professent des opinions et s'adonnent à des pratiques formellement condamnées par le Bouddha... »



Note :

1) Malgré de nombreuses similitudes et la présence d’un patriarche du nom de Darma Bode parmi les six Shen des six principes (don-drug gi gshen-po rnam-pa drug), les « tibétologues », qui sont souvent les disciples de dignitaires tibétains xénophobes, ne parlent pas de l'influence du chan chinois sur le dzogchen du Zhangzhung. Pourtant, le nom de Darma Bode a fait dire à Samten Karmay, né dans une famille Bönpo du Tibet et directeur de recherche au CNRS : « Il nous rappelle Bodhidharma, le patriarche de la tradition chan/zen ».


vendredi, octobre 28, 2016

L'extase d'Alain Durel

Centre védantique Ramakrishna de Gretz-Armainvilliers

Écrivain et Philosophe, Alain Durel est l'auteur de « Et Jésus marcha sur le Gange », « La Presqu'île interdite : Initiation au mont Athos » (Prix des Journées du Livre Chrétien), « Éros transfiguré  : Variations sur Grégoire de Nysse »...

Dans « Et Jésus marcha sur le Gange », Alain Durel relate une fulgurante illumination qui, selon un vieux swâmi tamoul friand de sucreries, l'aurait propulsé au rang des élus du Seigneur. Mais de quel Seigneur s'agit-il, Jésus, Shiva, Satan ?

L'ashram que m'avait recommandé frère Antoine appartenait à l'ordre Râmakrishna. Il était situé en banlieue parisienne, à Gretz-Armainvilliers, dans une vieille maison française qui évoquait Moulinsart, le manoir du capitaine Haddock. Bâtie au milieu d'un grand parc admirablement entretenu, elle s'élevait sur trois étages. D'autres bâtiments, de taille plus modeste, entouraient la vieille demeure. L'un d'entre eux abritait les novices. un autre, plus en retrait, faisait office de ferme ; au fond du parc se tenait la maison des femmes. L'ashram était la propriété de l'ordre Râmakrishna. La plupart de ses occupants étaient des Occidentaux - vêtus à l'européenne -, excepté le gourou, swâmi Ritajananda, un vieux Tamoul d'une grande profondeur d'esprit doublée d'un humour décapant. Le groupe des novices se composait d'un Américain, de deux Espagnols, deux Hollandais et un Allemand — Allemand rebaptisé Véda — un homme d'environ trente ans, terminait sa dixième année d'ashram. Il était sur le point de devenir swâmi. Chargé d'accueillir les hôtes, il me fit visiter le parc. Tandis que nous foulions l'herbe abondante du domaine. j'interrogeai Véda :

Qui était Râmakrishna ?

Sri Râmakrishna, répondit Véda avec son léger accent allemand, est né dans un village du Bengale appelé Kamarpukur, en 1836. À onze ans, alors qu'il traversait un jour les champs de riz vers Anur, il eut soudain une vision de gloire et perdit connaissance. Les gens dirent qu'il s'agissait d'un simple évanouissement, mais c'était en réalité cette disposition calme et sereine, cet état supraconscient appelé samâdhi, l'union à Dieu. Plus tard, Sri Râmakrishna devint prêtre au temple de Dakshineswar dédié à la déesse Kâli, la Mère. Pendant le service du soir, son travail consistait, entre autres choses, à balancer les lumières, l'eau sacrée et les fleurs devant l'image sainte. Rempli par la pensée divine comme il l'était, il oubliait très souvent de terminer la cérémonie. Et, plus étonnant encore, il plaçait sur sa propre tête les fleurs destinées aux offrandes pour la Mère de l'uni-vers ! Les autorités du temple se rendirent compte que Sri Râmakrishna était incapable de célébrer les cérémonies religieuses. Très vite, de nombreuses personnes reconnurent en lui un prophète envoyé par Dieu pour le salut de l'humanité...

Après cette promenade dans le parc, Véda m'introduisit dans la belle demeure et me présenta swâmi Ritajananda, un homme de petite taille, très âgé, avec de petits yeux noirs qui semblaient traverser les âmes. Ce regard de feu s'accordait parfaitement à une grande douceur et même une certaine bonhomie. Il aimait faire des plaisanteries en français comme en anglais. Quelques dames âgées, dévotes du swâmi, vivaient également à l'ashram et s'occupaient des travaux domestiques.

Chaque matin et chaque soir avait lieu une longue séance de méditation collective suivie du chant des bhajans. Après cet office, les disciples montaient dans la chambre du swâmi et recevaient, comme des petits enfants des mains de leur papa, un bonbon ou un gâteau. Il y avait là quelque chose de puéril et d'émouvant, aussi. On sentait tout l'amour que les disciples portaient à leur maître, mais aussi la tendresse et l'affection que le swâmi leur communiquait en retour.

Mon séjour à l'ashram de Gretz dura une petite semaine et changea le cours de ma vie. Lors du premier repas de midi, un invité parisien, très exalté par ses lectures védantiques, questionna le swâmi tandis qu'il mâchait très lentement, comme à son habitude, son plat de riz.

« Pensez-vous, dit l'invité, que le purusha expérimente les gunas de prakriti comme l'affirme la Bhagavad-Gita ou, au contraire, que ses attachements aux gunas n'ont pas d'incidence karmique sur la naissance dans de bonnes ou mauvaises matrices ? »

La question était pédante et reflétait plus le désir de briller que celui d'être instruit. Le swâmi, sans détourner le regard de son assiette, répondit avec un grand calme :

« Je ne pense pas, monsieur, je mange ! »

Toute la table éclata d'un rire bruyant qui fit rougir le pédant. Au sortir du repas, le swâmi m'accorda une entrevue. Je lui demandai s'il est possible d'éliminer nos samskaras. Il me répondit qu'il était impossible de les détruire mais seulement de les purifier et de les réorienter vers une bonne fin.

Le lendemain, je fus le premier installé dans la salle de méditation, qui se remplit rapidement. Les méditants étaient assis pour la plupart sur des petits coussins ronds et avaient revêtu un grand châle qui les recouvrait presque entièrement. Je repris mon investigation, la quête du Soi, Atma vichara. Hélas, elle ne donna pas le fruit escompté. J'eus enfin l'idée d'ouvrir les yeux sans pour autant relâcher mon attention au cœur profond. J'aperçus alors la grande image de Sri Râmakrishna devant laquelle nous étions tournés. Je n'avais même pas pris le temps de contempler le visage de ce mendiant d'amour.

J'étais alors un jnani, un philosophe, et non un bhakta, un dévot. Or, ce matin-là, dans la salle de méditation, le visage de Râmakrishna. le chantre bengali de l'amour mystique, me parut soudain d'une majestueuse beauté. La photographie du saint hindou le montrait assis par terre, les yeux pleins d'amour, implorant avec ardeur la Mère divine. Je compris alors qu'il manquait à mon yoga de la connaissance une dimension amoureuse. La descente de l'intellect dans le cœur, préconisée par le Maharshi, ne pouvait se produire autrement !

Le père Le Saux intercédait-il pour moi depuis le nirvâna des sannyâsins chrétiens ? Je repris mon exercice d'introspection en y ajoutant cet élément essentiel que j'avais jusqu'alors méprisé, l'amour. Ce grain de sable allait faire exploser l'immanence tranquille d'un pseudo-soi qui n'était en réalité qu'une forme plus subtile de mon ego, illusion que frère Antoine avait justement analysée en disant : « Tu ne vois pas ton problème parce que ton problème, c'est toi ! » La question fondamentale (qui suis-je ?), je la posais maintenant à quelqu'un qui, bien plus moi-même que je ne l'étais, n'en était pas moins radicalement autre, transcendance dans l'immanence, infini en soi, un Soi situé au-delà de l'Un, au-delà de l'Être : « Qui suis-je, ô mon amour ? »

Je suppliai cet autre en moi de me dévoiler ma véritable identité avec toujours plus de ferveur lorsque, soudain, je fus littéralement projeté, élevé, emporté au-dessus de mon propre corps, cependant que la salle de méditation était inondée d'une lumière étincelante. Des larmes abondantes s'écoulaient à grands flots de mes yeux éblouis par cet embrasement divin tandis que mon âme baignait dans un océan de lumière. Mon intellect devenu parfaitement muet, je ne pensai plus, je contemplai, accédant ainsi à un exercice supérieur de mes facultés mentales. Cette expérience extatique emplit tout mon être de ravissement, c'était une immersion dans la joie, dans la gloire. Enfin, après des minutes qui me parurent des siècles. je retrouvai mon corps et me réveillai au monde de la temporalité, m'endormant à celui de l'éternité. J'avais goûté au divin, mais sans pouvoir le nommer, tel le baiser volé d'une inconnue masquée au carnaval de Venise.

Lorsque je revins à moi, je constatai que tous les méditants avaient quitté la salle. Je sortis non sans quelques douleurs dans les jambes et courus parler à swâmi Ritajananda, auquel je racontai en détail mon illumination. Ce dernier m'écouta avec la plus grande attention, puis, lorsque j'achevai mon récit, me dit d'une voix grave mais sereine: « C'est une grande grâce que Dieu vous fait, et c'est peut-être là un signe. Le Seigneur vous appelle, il vous a choisi... »

Un ravissement ne fait pas le saint. La quête de l'illumination d'Alain Durel se poursuivra et « prendra peu à peu la tournure d'une confrontation spirituelle le mettant aux prises avec ses propres démons ».





mercredi, octobre 26, 2016

L'usine des 1000 veaux



Le 5 novembre 2016


Une manifestation est organisée à Guéret contre l’élevage intensif et l'usine des 1000 veaux.

Des cars sont organisés de Paris, de Lyon et de Bordeaux. Voir les détails ICI


L'évènement Facebook ICI



28 novembre 2016, communiqué d'Aurore Lenoir :
Nouvelle grande victoire !

Le Conseil d’État rejette le pourvoi en cassation de la SAS Alliance Millevaches et confirme ainsi la suspension d’ouverture !
Le Conseil D’État a rejeté le pourvoi en cassation de la SAS Alliance Millevaches, donnant ainsi raison au juge des référés qui a ordonné la suspension de l’ouverture de l’Usine, le 29 juillet dernier. Un succès pour L-PEA, qui assoit le bien-fondé de l’action de l’association depuis le début. Un succès qui démontre, une fois encore, que lorsque L-PEA se bat, L-PEA gagne, grâce à la légitimité de ses arguments !
(...)



Aujourd’hui, un nouveau combat s’engage contre le décret auquel fait allusion la SAS Alliance Millevaches, dont la consultation publique a été faite en catimini (sur la France entière, seules 43 personnes ont émis un avis, pour la majorité défavorable). Le gouvernement entend légitimer purement et simplement les projets d’Usine des 1000 Vaches dans la Somme et des 1000 Veaux dans la Creuse, combats retentissants contre le système de « Ferme-Usine », relevant le seuil d’autorisation de 400 à 800 bovins.

Lire le communiqué dans son intégralité : Cliquez ici !

Article de Mediapart : Cliquez ici.



15 décembre 2016, ALERTE lancée par Aurore Lenoir :
"Un nouveau décret du Ministère de l’Environnement légitime l’élevage intensif des bovins !

La consultation publique de ce décret est passée totalement inaperçue au mois de juin dernier. Pourtant cette décision est lourde de conséquences : le décret double le seuil d’animaux avant procédure d’autorisation. De 400 à 800 pour les veaux de boucherie et à l’engraissement, de 200 à 400 pour les vaches laitières.

Cela veut dire que l’Usine des 1000 Veaux va pouvoir tourner à 800 bêtes sans enquête publique, ni étude d’impact, en déposant simplement un dossier d’enregistrement en Préfecture."

Il faut faire annuler ce nouveau décret ! 


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...